Bédarieux - La Tuilerie
Benjamin Britten
Sinfonietta pour petit orchestre à cordes opus 1
Joseph Haydn
Concerto pour violon et cordes n° 1 en do majeur Hob VIIa
Igor Stravinsky
Dumbarton Oaks concerto en mi bémol majeur
Joseph Haydn
Symphonie n° 85 « La Reine » en si bémol majeur Hob I 85
Jonathan Darlington écrit :
Dans ce programme, les mondes du classique et néo-classique s’entrelacent en parfaite harmonie dans une ambiance intime, raffinée et sophistiquée. A propos des trois compositeurs on pourrait appliquer les paroles de Stravinsky lui-même après la naissance de son Sacre : « J’ai entendu, et j’ai écrit ce que j’ai entendu ». Autrement dit, ce sont des esprits originaux et d’une intelligence exceptionnelle et rare.
Haydn, comme Bach ou Mozart est universellement admiré par tout compositeur. Son esprit d’une créativité unique – il était obligé de suivre son propre chemin, se trouvant relativement isolé à la cour de Esterházy - l’a amené à exploiter et, dans le cas de la symphonie, à développer les formes (structures) musicales, atteignant à un niveau de profondeur époustouflant.
Dans un bel équilibre classique, ce programme propose pour chacune de ses deux parties un concerto et une symphonie.
La première partie comporte deux œuvres de jeunesse - en tout cas d’avant la maturité – mais néanmoins d’une immense valeur artistique. La deuxième réunit deux chefs-d’œuvre de deux génies au sommet de leur art.
La Sinfonietta qui ouvre le programme est un ouvrage néo-classique d’un adolescent de 18 ans, mais qui avait déjà trouvé sa voie. Bien évidemment on sent les influences de ses professeurs et de ses idoles (parmi lesquelles se trouve Stravinsky), mais c’est indéniablement Benjamin Britten qui nous parle. Certains compositeurs l’ont accompagné toute sa vie, dont Haydn. A la fin de son existence Britten étudiait encore les partitions du maître du XVIIIème siècle, (et la poésie de son contemporain T.S. Eliot). « Papa » Haydn, le « père de la symphonie », était un des seuls compositeurs qui le passionnait encore et qui l’accompagnera jusqu’à la mort.
L’idée de combiner Stravinsky avec Haydn m’est venue quand j’ai découvert par hasard un programme donné par l’Orchestre de la Suisse Romande en 1930 sous la direction d’Ernest Ansermet. On y trouve la symphonie dite La Reine de Haydn côte à côte avec le Ragtime (1918) de Stravinsky. Pour ce concert j’ai décidé de remplacer Ragtime par le concerto néo-classique en mi bémol Dumbarton Oaks parce que, outre l’élément du jazz, on y trouve une extraordinaire maîtrise du contrepoint et une écriture »concertante », qui sont des techniques de composition particulièrement prisées par Haydn.
Les rapports entre Stravinsky et Britten n’étaient pas toujours faciles. En dépit de la différence de générations, les deux compositeurs se trouvaient en effet soumis à une comparaison, voire à une concurrence, permanente, même si Britten a qualifié le Sacre de « merveille du monde ». Dans les années 50 – 60 Stravinsky a composé une série d’œuvres qui semblaient défier directement Britten (Abraham et Isaac, The Rake’s Progress, The Flood etc..) qu’il n’hésitait d’ailleurs pas à critiquer publiquement, sa condamnation du War Requiem – « il faut avoir les Kleenex à portée de la main » – en étant un bel exemple. Pour sa part Britten admirait le maître Russe et reconnaissait son influence, (qu’on perçoit facilement dans sa Sinfonietta – même si l’exemple d’Arnold Schoenberg est à l’origine de l’ouvrage). Néanmoins, la personnalité de son illustre aîné restait pour lui un grand mystère.
Nous voici donc en présence de trois compositeurs, chacun relié aux deux autres d’une manière différente, mais unis par leurs génies respectifs. En tant qu’interprète je trouve qu’on a une chance inouïe de pouvoir travailler en permanence au contact de compositeurs magiques et de partager avec vous, le public, notre passion pour ces êtres exceptionnels.
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