Roberto Platé

Né le 9 septembre 1940 à Buenos Aires (Argentine), il accomplit une partie de ses études à Munich à l'Akademie der Bildenden Künste. De retour en Argentine, il prolonge son travail à l’Instituto di Tella de Buenos Aires en 1965, où naissent des expressions nouvelles comme performances, happenings, installations. Il appartient à cette génération d’artistes qui a pris part à la révolution culturelle des années 60. En 1968, il participe avec une dizaine d'artistes dont Alfredo Arias, Juan Stoppani, Marucha Bo et Facundo Bo, à la fondation du groupe de théâtre TSE. Il est lauréat de plusieurs prix artistiques, mais défraye aussi la chronique au di Tella en 1968 par son installation Los Baños (Les Toilettes) qui fait scandale. La censure sous le régime des militaires met alors un terme radical aux mouvements de l’avant-garde. Les membres du groupe TSE ont déjà fait parler d’eux en dehors des frontières. En 1969, ils sont invités à New York pour une exposition où se côtoient des artistes comme James Rosenquist, Andy Warhol, Claes Oldenburg… Puis à Paris, en France, le pays qu’ils choisiront d’adopter comme seconde patrie.
En 1970, le groupe TSE donne à Paris de nombreuses représentations. Notamment Eva Perón de Copi, Comédie Policière, Luxe … C’est l’époque où le théâtre se définit comme un grand laboratoire d’idées. Les Argentins insufflent à la scène parisienne un courant de fantaisie baroque et surréaliste, un imaginaire débridé et un sens de l’absurde qui provoquent et séduisent en leur assurant rapidement une place de choix et la notoriété.
Roberto Platé enchaîne alors les productions prestigieuses. Il se tourne également vers l'opéra sur les scènes publiques et privées, nationales et internationales. Il est aussi un compagnon de la première heure d’auteurs et metteurs en scène de théâtre tels que Claude Régy, Jorge Lavelli ou Marguerite Duras. Avec Alfredo Arias de nouveau, mais dans un autre registre, il se distingue pour la Tempête de Shakespeare dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes au Festival d’Avignon.
Il collabore aussi à de nombreux opéras avec Pierre Constant notamment Les Noces de Figaro, Don Giovanni et Cosi fan tutte, trilogie de Mozart qui, fait unique, sera représentée plus de cent fois. Avec Marcel Maréchal, il participe à des productions qui soulèvent la contestation, comme avec Les Paravents de Jean Genet. Il en est de même avec les Maîtres Chanteurs dans la mise en scène de Claude Régy où les sifflets rivalisent avec les ovations et les applaudissements à tout rompre. Roberto Platé travaille également avec Robert Fortune, puis Jacques Rosner, Lluis Pasqual, François Petit, Samy Frey… Pierre Mondy. Pour la danse, il signe les décors de Lucinda Childs, Dominique Bagouet, Roland Petit, et Vladimir Bourmeister.
Sa carrière est vaste et se poursuit à un rythme soutenu, avec toujours autant de productions en cours, et de projets. Pour l’année 2013, outre sa grande exposition Tableau de Scèneà la Maison de l’Amérique latine  (20 mars – 26 juillet), il réalise trois scénographies, deux opéras, l’un pour Alfredo Arias, l’autre pour Pierre Constant, deux pièces avec Benoît Jacquot, et une zarzuela, La Verbena de la Paloma pour Christine Mananzar.
Ce qui est si particulier dans le travail de Roberto Platé, c’est sa vision d’artiste plasticien. Depuis ses installations des années 1960 et 70, qui resteront dans les mémoires, jusqu’aux réalisations actuelles, il demeure fidèle à ses premiers principes. Il est l’auteur d’un style aux lignes souvent dépouillées, reflet d’un vertige existentiel teinté d’humour et de gravité, où l’illusion et le trompe-l’œil peuvent faire douter de la place du réel et de l’imaginaire, du lieu où tout finit et où tout commence.